abril 17, 2005

MERCI EZLN


Nous ne savions parler; nous ne pouvions parler; nous avions peur de parler...

Aujourd'hui vous nous prêtez votre voix pour dire nos revendications, nos doutes, nos esxigences, nos craintes, nos espérances...

Demain, peut-être prendrons nous la parole pour qu'elle soit notre et lui donner vie...

Nous ne savions qu'obéir, obtempérer, céder, renoncer; nous ne pouvions que nous soumettre, nous subordonner, nous agenouiller; nous avions peur de notre propre force, de nous approprier de notre propre vie, de construire notre propre destin...

Aujourd'hui vous luttez pour Démocratie, Liberté et Justice, dressés en armes, mais non pour prendre le Pouvoir sinon contre tout Pouvoir (en tant que pouvoir séparé), non pas uniquement pour vous sinon pour nous tous, non pas en imposant votre vision votre loi ou votre autorité mais conformément au "commander en obéissant à la parole commune"...

Demain, peut-être, tout un chacun, tous ensemble, prendrons nous directement et librement les décisions qui construiront notre propre présent et engageront l'avenir de "notre étoile communautaire".

Nous ne savions pas (nous ne voulions pas savoir) que nous survivions plongés dans la misère (toute) engendrée par le règne omniprésent et omnipotent de la Raison Economique, la Marchandise et le Spectacle; nous ne pouvions, vivre?, sans la présence de la faim, l'ignorance, la maladie, le mépris et l'humiliation; nous avions peur d'abandonner notre condition d'objet, d'être autres que simples apparences...

Aujourd'hui vous rejetez la fatalité de la misère, l'appauvrissement de la médiatisation et la mystification du simulacre; revendiquant le droit à la Dignité, arrachant à l'oubli l'Être et son Humanité...

Demain, peut-être, les relations sociales, le mode de vie, et le mode de production, se fonderont-ils sur le Don, le Désir et le Plaisir partagé.

Merci pour cet hier, aujourd'hui mieux reconnu...

Merci pour ce demain, aujourd'hui teint d'utopiques promesses...

Merci, aujourd'hui, pour ce mince rayon de lumière déchirant la noirceur de notre quotidienne désespérance...

Merci.
Texte rédigé à la mi février 95, après la trahison du gouvernement Zedillo.

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